Utilisation de Stéroïdes Androgènes Anabolisants (SAA)

 

          Dans cette seconde sous-partie nous allons voir en quoi les stéroïdes androgènes anabolisants (SAA) influent sur la course du sprinteur, mais aussi sur sa santé à long terme. Comment ces hormones permettent d'augmenter la taille d'un muscle et donc la force à partir de la synthèse protéique ? Que se passe-t'il dans le muscle lors de son hypertrophie ? Quels sont les principaux effets des stéroïdes ? C'est à ces questions que nous allons tenter de répondre dans cette sous-partie.

 

1) Présentation

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          Les stéroïdes androgènes anabolisants (SAA) sont des drogues synthétiques dérivées de la testostérone, l’hormone sexuelle mâle responsable de la croissance des os, des muscles longs, et de caractéristiques masculines comme la la croissance des poils et la gravité de la voix. De nombreux types de stéroïdes sont donc présents naturellement dans diverses hormones et vitamines. Les stéroïdes anabolisants sont fabriqués en laboratoire et ont la même structure chimique que les stéroïdes que l’on trouve dans l’hormone mâle, la testostérone. Les effets de musculation (effets anabolisants) et de masculinisation (effets androgéniques) de ces drogues les rendent attrayantes pour les athlètes. Ces hormones améliorent donc la synthèse des protéines dans les cellules, ce qui va augmenter la production de tissu cellulaire et donc une hausse de la masse musculaire.

 

 

2) Utilisation à des fins thérapeuthiques

 

 

          La testostérone et la dihydrotestostérone (DHT) sont utilisées, chez l’homme, dans le traitement des déficits androgéniques, de l’oligospermie et de l’impuissance ; chez la femme, la testostérone est moins utilisée, seulement dans le traitement du cancer du sein œstrogénodépendant. Les SAA de synthèse ont été très utilisés dans le traitement des maigreurs, de la dénutrition, de la cachexie et de l’ostéoporose. Actuellement, ils servent au traitement des hypoplasies ou des aplasies médullaires et des anémies sidéroblastiques, où ils peuvent être préférés dans certains cas à la testostérone.

 

 

3) Utilisation à des fins de dopage

 

 

          Les SAA sont beaucoup utilisés dans le domaine sportif. Le début de leur emploi remonte au milieu des années 1950. Tout d’abord limités aux disciplines demandant une certaine force (haltérophilie, lancers…) dans lesquelles la puissance musculaire est un élément essentiel de la performance, ils se sont très rapidement intégrés dans l’ensemble des disciplines sportives.

          En effet, en dehors de leurs actions sur le muscle squelettique, l’os et le sang, les SAA augmentent l’endurance, l’agressivité et l’appétit, ont une action euphorisante, diminuent la sensation de fatigue et la durée de la période de récupération. L’ensemble de ces propriétés permet de supporter des charges d’entraînement plus lourdes et plus longues, et par conséquent d’améliorer les performances quelle que soit la spécialité.

          Les stéroides anabolisants, associés à un régime alimentaire hyperprotidique et à un entraînement adéquat, sont utilisés par les sportifs en dehors des compétitions, en cycles de plusieurs semaines, répétés dans la saison et arrêtés suffisamment tôt pour qu’on ne puisse plus les détecter lors des contrôles en compétition. Beaucoup d’utilisateurs débutent leurs cycles avec de faibles doses, augmentent progressivement la posologie, puis la diminuent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          Remarque : Nous avons sélectionné des sportifs qui consommaient des stéroïdes anabolisants. Les résultats trouvés ont été faits grâce au calcul suivant :

T sans consommation = T avec consommation *1,04.

 

4) Action au niveau du muscle

 

  • Action cellulaire

 

          Tout d’abord, les stéroïdes sont injectés par voie orale ou intramusculaire. Lorsqu’ils sont injectés, il parviennent directement dans le sang, alors que les comprimés sont acheminés par le tube digestif jusqu’au foie, qui les transfère dans le sang. Ici même, les stéroïdes anabolisants sont reçus par une protéine de fixation, qui assure leur trajet jusqu’au niveau du muscle.

          Dans ce dernier les stéroïdes anabolisants vont agir directement sur le noyau cellulaire et sur le génotype. Ensuite, l’hormone stéroïdienne traverse la membrane plasmique grâce à sa lipophilie, basée sur sa structure dérivée du cholestérol, les stéroïdes pénètrent par voie passive dans les cellules des tissus cibles (muscles, testicules, cerveau). Puis, l’hormone agit au niveau du noyau de la cellule en modulant la synthèse protéique ; pour cela, elle se fixe sur un récepteur intracellulaire présent dans le cytoplasme. Les différents types de stéroïdes anabolisants se lient aux récepteurs des androgènes avec des cinétiques et des affinités variables en fonction de leur structure chimique propre.

          Certains stéroïdes anabolisants tels que la methandrostelonone se lient faiblement à ce récepteur et agissent  directement sur la synthèse des protéines ou la glycogenolyse. D'autres, tels que l'oxandrolone se lient étroitement au récepteur et agissent principalement sur l'expression des gènes.

          Le complexe hormone-récepteur migre alors dans le noyau pour se fixer sur un site d’ADN bien précis , afin de modifier le génotype cellulaire. Ensuite, la synthèse d’ARN va être assurée grâce à la transcription de la séquence nucléotidique mutée, faisant intervenir l’ARNm. Puis, l' ARNm obtenu quitte le noyau de la cellule et se combine à l’ ARN présent dans le cytoplasme. La traduction de l’ARNm par les ribosomes engendre alors une augmentation de la synthèse protéique, ce phénomène entraîne une hypertrophie de la cellule musculaire et donc une augmentation de la taille du muscle. Ainsi, les gains en masse musculaire et en croissance osseuse sont dû à la synthèse protéique à partir des acides aminés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Représentation schématique du récepteur androgénique avec ses sites de liaisons aux stéroïdes (hormone) et au brin d’ADN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Action musculaire

 

           La croissance du muscle est due à la multiplication des myofibrilles et à un accroissement du diamètre des fibres rapides. Au niveau biologique, on observe une augmentation du taux de certaines hormones, comme l'hormone de croissance ou la testostérone, qui sont nécessaires à la synthèse des protéines, donc à l'accroissement du volume des muscles. A part provoquer l’hypertrophie du muscle, les stéroïdes développent une action anti-catalysante prononcée. En effet, les molécules stéroïdiennes stoppent les récepteurs à la cortisone situés sur la membrane des cellules et les bloquent. Ainsi les cellules musculaires conservent toutes leurs protéines car la cortisone produite par l’organisme, exerçant une action fortement catabolique (dégradante) ne peut assurer ses fonctions. La plupart des protéines, tel que l’oxandrolone, permettent également d’augmenter la synthèse de créatine phosphate (PCr).

          La PCr est un facteur très important intervenant dans la reconstitution de l’ATP. Ce dernier est l’élément nécessaire à la contraction musculaire pour que les muscles puissent travailler. L’ATP est stocké dans les cellules musculaires et est, le cas échéant convertie en ADP. Ce phénomène libère l’énergie nécessaire à la contraction d’un muscle. La PCr est nécessaire à la reconversion de l’ADP en ATP. Plus la quantité de PCr disponible est importante, plus les muscles disposeront d’une plus grande quantité d’ATP. Il en résulte que les athlètes enregistreront une augmentation de leur force. (voir Partie I sur la contraction musculaire)

          Un autre facteur utile pour le sprinteur est le stockage, par les stéroïdes d’une plus grande quantité de glycogène. Ce processus est suivi d’une plus grande rétention de liquide. Or, nous savons que le principal réservoir d'eau de l'organisme se trouve être le muscle. Un muscle volumineux est donc par définition un muscle hydraté. En favorisant la rétention d'eau intracellulaire, les SAA participent à l'augmentation du volume de chaque myofibrille et ainsi à l’augmentation du volume de force. De plus, les stéroïdes réduisent la libération endogène d’insuline, car les cellules musculaires, de par l’utilisation de ces préparations peuvent enregistrer une quantité de substances nutritives plus importantes (hydrates de carbone sous forme de glucose et protéines sous forme d’acides aminés) sans dépendre de l’insuline. Ceci entraine une diminution du taux de lipides du sprinteur et améliore sa musculature. Mise à part d’être une hormone particulièrement anabolisante, l’insuline permet de convertir le glucose en glycérol puis en triglycéride, ce qui conduit à une croissance des adipocytes.

          Les stéroïdes permettent aussi d’augmenter le volume sanguin (dianabol, testostérone et anapolon) et le taux de globules rouges dans le sang. Le muscle se gonfle et sa vascularisation augmente. Les vaisseaux sanguins permettent d’apporter des substances nutritives aux cellules musculaires. Le développement de leur diamètre participe directement à l'élargissement des muscles. En effet, en irriguant de manière plus efficace les fibres musculaires, celles-ci récupèrent et grossissent plus vite.

          Voila les fonctions les plus importantes pour un sprinteur que les stéroïdes apportent au muscle. Rappelons qu’à la fin de leur utilisation, les SAA sont éliminées de l’organisme par l’urine. La consommation de stéroïdes anabolisants chez les athlètes doit bien sur être accompagnée d’une bonne alimentation et d’un apport fréquent de lipides et de protéines dans l’organisme.

 

 

 Schéma de la Composition d’un muscle squelettique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableaux et graphique montrant le taux de testostérone en fonction de l’âge

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          Par ce tableau et ce graphique, nous pouvons voir que le taux de testostérone est le plus élevé entre 18 et 40 ans lorsque la croissance est finie. Ainsi c’est pendant cette tranche d’âge que le développement des attributs masculins, et le développement des muscles est le plus fort. De plus, sa présence accélère le mécanisme de renouvellement des protéines au cœur des myofibrilles. La testostérone chez la femme est appelée l’oestradiol et sa quantité est la plus importante aux environs de 14 ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5) Quelques effets et dangers des agents anabolisants 

                                         Support: Vidéo interview du Docteur PORTA

 

          Malgré tout ces effets androgéniques et anabolisants, les SAA ont aussi des influences néfastes sur le corps humain.

 

Risques liés à l’utilisation :

 

- Trouble du comportement, agressivité, sentiment d’invincibilité, Euphorie ;

- Rupture tendineuse, déchirure musculaire ; 

- Cancer du foie et de la prostate ; 

- Arrêt de la croissance ; 

- Cardiomyopathie hypertrophique

- Développement de la pilosité, perturbation des cycles menstruels, infertilité (pour les femmes), croissance de la taille du clitoris chez la femme et du pénis seulement chez les enfants, augmentation de la libido, approfondissement de la voix, suppression de la spermatogénèse ;

- Atrophie des testicules, impuissance et infertilité (pour les hommes).

 

 

 

 

Schéma présentant les principaux effets des stéroïdes sur un individu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6) L'augmentation de la puissance musculaire pendant la course 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          Finalement, l’augmentation de la masse musculaire du coureur liée à la prise de stéroïdes androgènes anabolisants va augmenter la puissance musculaire. En effet, à chaque foulée la force que va exercer le pied sur le sol sera plus grande. Ainsi, par la poussée du pied, le foulée du sprinteur va être plus allongée, ce qui lui permettra d’accélérer.

 


 

7) Conclusion

 

          En conclusion, les stéroïdes par leurs effets anabolisants permettent l'hypertrophie du muscle par la forte synthèse protéique qui se produit grâce à la transcription traduction du brin d'ADN muté. la croissance du muscle est donc due à la multiplication des myofibrilles et à un accroissement du diamètre des fibres rapides. Beaucoup d'autres effets peuvent être observés, participant directement à l'augmentation de la masse musculaire. Cependant, n'oublions pas que ces stéroïdes androgènes anabolisants ont des effets indésirables sur le corps humain comme des déchirures musculaires ou agissant sur le développement des caractères masculins. Cet accroissement de la masse musculaire va entrainer une augmentation de la force qu'exerce le pied sur le sol et ainsi va faire accélérer le coureur. 

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